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Le 8 octobre passé, à Montpellier, s’est tenu l’historique sommet France-Afrique avec l’absence totale des chefs d’État du continent. Le président Emmanuel Macron, le seul hôte de cette concertation a préféré, dans une franchise totale, loin de toute complaisance, discuter des jeunes africains de divers horizons pour assainir les relations entre l’hexagone et les nations africaines.
Un panel constitué de plus d’une dizaine de jeunes a alors affronté le chef de l’état, et avec verve, lui a craché leur vérité. L’intervention d’une entrepreneuse burkinabè, Ragnimwendé Eldaa Koama, a remis les pendules à l’heure pour ce qui est de l’aide au développement.
« L’Afrique se développera par elle-même, grâce à des collaborations saines, grâce à notre force d’innovation et de création » #
Durant son allocution au sommet France-Afrique, ce vendredi, Eldaa Koama a tenu dans un premier à curer les vocables condescendants par lesquels la France traite les pays africains. « Il faudra surtout parler du vocabulaire dépassé, inadapté, dévalorisant qui réside encore dans vos discours et dans celui de vos institutions lorsque vous vous adressez à l’Afrique », a-t-elle lâché sous les applaudissements du public.
Ragnimwendé Eldaa Koama est coach et formatrice burkinabè. Diplômée d’un master en management des systèmes informatiques et d’une licence en ingénierie des travaux informatiques, elle est aussi entrepreneuse dans le domaine de l’évènementiel.
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En s’adressant au président français, elle s’en est allée avec un discours sans filtre avec des formules imagées. « Si la relation entre les pays d’Afrique et la France était une marmite, sachez qu’elle est très sale, cette marmite. Elle est sale de reconnaissance légère des exactions commises, elle est sale de corruption, de non-transparence, de vocabulaire dévalorisant, elle est sale, monsieur le Président ! Je vous invite à la récurer », a-t-elle discouru.
Elle lance également une sédition contre le terme de l’ « aide au développement ». « Cela fait près d’un siècle que votre aide au développement se balade en Afrique. Ça ne marche pas. Sachez que l’Afrique se développera par elle-même, par le potentiel local et celui de la diaspora et certainement dans l’interdépendance avec les autres nations de la planète, mais surtout à travers des collaborations saines, transparentes, constructives. Il y a des têtes bien faites, il y a des investisseurs aussi en Afrique. Nous innovons déjà en Afrique. Et si ce n’est pas constructif dans cette relation qu’on imagine, on n’en veut pas », a déclaré la jeune entrepreneuse.
La réponse d’Emmanuel Macron #
De toutes les charges portées contre la France par les jeunes africains, le président Emmanuel Macron reconnaît « la responsabilité immense de la France, car elle a organisé le commerce triangulaire et la colonisation ». Mais il s’est refusé à demander pardon, préférant ainsi un « travail de vérité » et non de « honte de repentance de soi ». « Nous avons une dette envers l’Afrique, un continent qui fascine le monde entier, qui parfois en effraie d’autres », a-t-il déclaré.
Sur la brulante question de la présence militaire française en Afrique, évoquée à plusieurs reprises par les panélistes, Emanuel Macron a réitéré l’engagement de la France à retirer ses soldats du Mali. « La France n’a pas vocation à rester dans la durée au Mali. C’est pour ça que nous sommes en train de fermer des bases. À Tessalit ou à Kidal (nord du Mali), notre travail n’est pas d’avoir des bases militaires. Ce que je veux, c’est qu’on retire les bases militaires le plus vite possible, mais ça suppose un retour d’un État fort et des projets d’investissement, pour que les jeunes ne se tournent pas, dès que les groupes terroristes reviennent, vers le pire », a-t-il souligné.